15 juillet 2006
6
15
/07
/juillet
/2006
21:53
Ah non je suis toujours là et je compte bien continuer à vous embêter avec mes tribulations hospitalières…
Oui oui, je tiens le coup, je garde le sourire et je profite à fond de cette expérience!Et bien que tous les chauffeurs de taxi qui me conduisent au centre ne manquent pas de me dire : ça fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds ici, c’est un quartier très dangereux, -Merci de me rassurer encore-, la femme de l’épisode 1 ne m’a pas défoncée l’autre jour, j’ai su garder mon calme malgré la trouille, et j’ai pu rester ferme bien que j’étais triste de la voir incapable d’acheter son traitement.
Grâce à mon séjour à 7allouf land, j’ai découvert que les prestations offertes au niveau du centre de santé sont GRATUITES ! Euh, la honte, après 7 ans de médecine ! Ben oui, c’est une bonne chose ; on ne paie pas pour voir un médecin généraliste.
Mais le dilemme est celui de la prescription. La scène est la suivante.
Un malade qui s’est réveillé le matin avec un mal quelconque, ou qui traîne une symptomatologie X depuis un bon bout de temps, et qui décide ce beau jour d’aller voir le toubib. Il se présente, prend un numéro et attend son tour. Entre temps, il pense au loyer, au déjeuner de ses enfants, aux demandes de sa femme, à sa mère diabétique, à son père cardiaque. Il pense aussi au boss qui va l’emmerder parce qu’il ne viendra pas aujourd’hui au boulot, ça voudra certainement dire un jour de moins sur le salaire !! Oh mon dieu, comment payer l’épicier, les frais deviennent de plus en plus lourds surtout que la sœur a décidé de s’amener avec ses gosses pour passer les vacances…
Zid a sidi – à vous Monsieur. Il rentre, en face de lui ;
Un médecin, qui traîne derrière lui minimum 7 ans d’études, autrement dit, 7 ans de bourrage de crâne avec toutes les pathologies possibles et imaginables, la physiopathologie, l’épidémiologie, les complications, le pronostic, les formes cliniques, la morbidité, les examens complémentaires et tout le tralala qui suit !!! Et dans la chaleur suffocante, il voit son malade.
Il fait le diagnostic, il prescrit. Et là le malade interrompt systématiquement la rédaction de l’ordonnance en sortant la réplique magique : wach ghadi ye3tiouni dwa hna – est ce qu’on va me donner les médicaments ici ?- parce que sinon, il ne l’achètera pas ; il n’a pas les moyens de s’offrir le luxe de s’acheter un médicament !
On rentre alors dans les considérations du médicament le moins cher, est ce qu’il est efficace ou pas ! Et en rédigeant l’ordonnance on laisse de côté toutes les années d’études pour essayer de résoudre un problème social : QUE FAIRE ?
Pas facile de gérer ! Pas facile aussi d’avoir toutes les connaissances pharmacologiques pour se mettre à rédiger un même médicament parce que c’est le seul que les malades d’un quartier défavorisé peuvent se permettre !!!!
A combien de malades peut-on donner de l’argent pour qu’ils achètent leur traitement ou pour qu’ils fassent une radio urgente ? À un, à deux ! Oui, mais on en voit des tonnes…
Ça me fend le cœur de voir qu’une hypertendue a arrêté son traitement pour donner de quoi manger à ses enfants, ça me tue de rédiger une ordonnance à un SDF sachant pertinemment qu’il va la jeter au coin de la rue… Ce sont des situations que je vis tous les jours, et ce regard abattu par la misère me torture, mais que puis je faire ?
C’est beau de faire de la médecine, oui c’est un métier noble, mais à quoi bon prescrire des médicaments que personne ne va acheter ?
Avec tout ça, il faut savoir garder le sourire…il y’a des gens qui n’ont même accès au médecin…
A suivre, CCV’
Bonus pour les fidèles :
Un monsieur sonne à une porte où il y a marqué +Docteur+.
- Docteur, je viens vous voir, car j'ai très mal au testicule gauche.
- Ah ! Je suis désolé, monsieur, mais je suis docteur en droit.
- Mince ! Je ne savais pas que vous étiez spécialisé à ce point !!!
Oui oui, je tiens le coup, je garde le sourire et je profite à fond de cette expérience!Et bien que tous les chauffeurs de taxi qui me conduisent au centre ne manquent pas de me dire : ça fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds ici, c’est un quartier très dangereux, -Merci de me rassurer encore-, la femme de l’épisode 1 ne m’a pas défoncée l’autre jour, j’ai su garder mon calme malgré la trouille, et j’ai pu rester ferme bien que j’étais triste de la voir incapable d’acheter son traitement.
Grâce à mon séjour à 7allouf land, j’ai découvert que les prestations offertes au niveau du centre de santé sont GRATUITES ! Euh, la honte, après 7 ans de médecine ! Ben oui, c’est une bonne chose ; on ne paie pas pour voir un médecin généraliste.
Mais le dilemme est celui de la prescription. La scène est la suivante.
Un malade qui s’est réveillé le matin avec un mal quelconque, ou qui traîne une symptomatologie X depuis un bon bout de temps, et qui décide ce beau jour d’aller voir le toubib. Il se présente, prend un numéro et attend son tour. Entre temps, il pense au loyer, au déjeuner de ses enfants, aux demandes de sa femme, à sa mère diabétique, à son père cardiaque. Il pense aussi au boss qui va l’emmerder parce qu’il ne viendra pas aujourd’hui au boulot, ça voudra certainement dire un jour de moins sur le salaire !! Oh mon dieu, comment payer l’épicier, les frais deviennent de plus en plus lourds surtout que la sœur a décidé de s’amener avec ses gosses pour passer les vacances…
Zid a sidi – à vous Monsieur. Il rentre, en face de lui ;
Un médecin, qui traîne derrière lui minimum 7 ans d’études, autrement dit, 7 ans de bourrage de crâne avec toutes les pathologies possibles et imaginables, la physiopathologie, l’épidémiologie, les complications, le pronostic, les formes cliniques, la morbidité, les examens complémentaires et tout le tralala qui suit !!! Et dans la chaleur suffocante, il voit son malade.
Il fait le diagnostic, il prescrit. Et là le malade interrompt systématiquement la rédaction de l’ordonnance en sortant la réplique magique : wach ghadi ye3tiouni dwa hna – est ce qu’on va me donner les médicaments ici ?- parce que sinon, il ne l’achètera pas ; il n’a pas les moyens de s’offrir le luxe de s’acheter un médicament !
On rentre alors dans les considérations du médicament le moins cher, est ce qu’il est efficace ou pas ! Et en rédigeant l’ordonnance on laisse de côté toutes les années d’études pour essayer de résoudre un problème social : QUE FAIRE ?
Pas facile de gérer ! Pas facile aussi d’avoir toutes les connaissances pharmacologiques pour se mettre à rédiger un même médicament parce que c’est le seul que les malades d’un quartier défavorisé peuvent se permettre !!!!
A combien de malades peut-on donner de l’argent pour qu’ils achètent leur traitement ou pour qu’ils fassent une radio urgente ? À un, à deux ! Oui, mais on en voit des tonnes…
Ça me fend le cœur de voir qu’une hypertendue a arrêté son traitement pour donner de quoi manger à ses enfants, ça me tue de rédiger une ordonnance à un SDF sachant pertinemment qu’il va la jeter au coin de la rue… Ce sont des situations que je vis tous les jours, et ce regard abattu par la misère me torture, mais que puis je faire ?
C’est beau de faire de la médecine, oui c’est un métier noble, mais à quoi bon prescrire des médicaments que personne ne va acheter ?
Avec tout ça, il faut savoir garder le sourire…il y’a des gens qui n’ont même accès au médecin…
A suivre, CCV’
Bonus pour les fidèles :
Un monsieur sonne à une porte où il y a marqué +Docteur+.
- Docteur, je viens vous voir, car j'ai très mal au testicule gauche.
- Ah ! Je suis désolé, monsieur, mais je suis docteur en droit.
- Mince ! Je ne savais pas que vous étiez spécialisé à ce point !!!