Je n’arrive toujours pas à réaliser que cette journée est finie. C’était un cauchemar !
Déjà les Jeudis sont les journées les plus chargées de mes semaines. J’ai cours de 9 à 11h, puis de 14h à 20 :30 !!
Alors aujourd’hui en plus de tout cela, je devais remettre un essai à 17h, faire une présentation à 14h et envoyer un devoir online avant midi !! Cela fait deux jours que je n’ai pas dormi, et que je n’ai bien mangé !!!
Après la fin du cours à 20 :30, j’ai presque supplié un collègue à moi pour qu’il aille avec moi au théâtre, comme c’est une période d’examens, plus personne ne sort ! mais j’en pouvais plus, après la journée merdique que j’ai eue, je voulais me débarrasser de
Alors quoi de plus beau que d’aller au théâtre. Beyrouth est connue par ses activités culturelles, dont cette semaine le meeting points 5.
Il s’agit d’un évènement annuel qui regroupe des artistes contemporains de plusieurs pays et de différents backgrounds ( photographes, chorégraphes, chanteurs…) et qui font leurs shows dans plusieurs meeting points. Cette année, les artistes qui seront à Rabat, passeront par Tunis, Amman, Le Caire, L’Alexandrie, Beyrouth, Damas et Ramallah.
A Rabat, je ne ratais jamais ce genre d’évènements, y’a toujours quelque chose à découvrir.
Ce soir, y’avait une artiste MAROCAINE ! Il s’agissait d’un spectacle de danse, nommé Aita. Déjà moi je suis une grande fan de la musique Aïta, donc je m’attendais au grand show.
Le théâtre de la médina, situé au quartier Hamra de Beyrouth, était plein à craquer. Pour être honnête, notre théâtre est bien plus beau et bien plus grand ; mais peu importe, l’ambiance y est.
Je me suis sentie chez moi, ce qui m’a fait rire, c’est que j’avais l’impression de voir les mêmes têtes qu’à Rabat, généralement ce genre d’événement a un public inchangé !
Chaque fois que j’y vais, je retrouve tous les diplomates et les étrangers qui vivent à Rabat, ce soir, c’était tous les étrangers vivant à Beyrouth. L’audience est plus ou moins mixte, différentes tranches d’age, mais pratiquement le même look, vous savez de qui je parle ? Ceux et celles au look d’artistes, cheveux longs, tenue négligée mi hippie mi rap des années 90, les cigares et les pipes remplaçant les cigarettes, toujours un bouquin ou un journal à la main, tous pratiquement porteurs de petites lunettes extravagantes. Ça m’a vraiment amusé de retrouver les mêmes visages, à des milliers de kilomètres de chez moi.
Mon collègue est Egyptien, il attendait avec impatience l’entrée de l’artiste : Bouchra Ouizguen.
Le show a commencé avec l’entrée sur scène d’une dame assez corpulente. Elle était par terre, et faisait des roulades tout en chantant des trucs que même moi- marocaine- n’ai pas pu déchiffré. Elle continuait à faire ses roulades de devant en arrière puis de droite à gauche, tout en répétant le même refrain. Cela n’était pas vraiment de l’Aïta, mais ce que les gens appellent de l’art contemporain. Genre tu y vas, et tu n’y comprends jamais rien. Au bout de 15 minutes de roulades et de répétitions itératives de la même phrase – toujours incompréhensible- et puis surtout la sortie spectaculaire du tiers des spectateurs, une deuxième artiste entra sur scène. Elle commença à faire des mouvements qui m’ont bizarrement rappelé mon cours de sémiologie sur la constipation ! Elle avait tous les signes. Après quelques minutes de silence, en position toujours aussi constipée, les deux dames se libérèrent de leur posture figée et s’élancèrent dans une course sur scène. Elles se poursuivirent, puis s’arrêtèrent brusquement pour se battre. Je n’y ai rien compris ! D’un coup, elles ont commencé à s’échanger des bisous, pleins de bisous, tout le monde a éclaté de rire.
Franchement, j’aurais bien aimé comprendre ce qu’elles voulaient dire, il doit bien y avoir un sens à tout ça !
Je suis allée voir un spectacle de Aïta, je ne dirai pas que je suis déçue, au contraire j’ai bien rigolé et Dieu sait que j’en avais besoin après cette longue journée…
Les Libanais ne savent pas grand-chose du Maroc, et franchement avec ce spectacle, je ne pense pas qu’ils en auront même envie ! Et là après ce spectacle, je me suis posée la question : L’art est supposée être une langue universelle, qui va au-delà des mots. Ce genre d’évènement est sensé rapprocher les peuples et faire découvrir nos cultures aux autres, je ne m’y connais pas trop en art, mais le spectacle d’aujourd’hui m’a vachement rappelé le danseur contemporain de Gad ;-). Je doute fort qu’un quelconque message soit passé…qui sait, avec mon look d’écolière, peut être que c’est moi qui étais intruse !