Je me suis réveillée de bonne humeur ce matin, et ce parce que j’ai passé des heures à discuter avec un ami que j’aime beaucoup hier soir.
Il a 22 ans ; il fait médecine aussi et bosse pour ses examens cliniques, mais cela ne nous a pas empêché de parler de bien d’autres choses que la médecine.
C’est un jeune homme assez timide ; très intelligent et super adorable. Il dégage beaucoup de sympathie, on se confie à lui spontanément, et si par moments dans cette vie ; on a envie que le temps s’arrête ; les heures passées avec lui seraient en tête de liste.
Tout comme moi ; il ne sait pas encore ce qu’il va faire de son avenir, il aimerait bien faire une spécialité quelque part, il rêve aussi d’un avenir meilleur pour son pays, il rêve d’une vie paisible pour ses futurs enfants…
Il stress trop pour ses examens ; il m’a vachement rappelé mon stress fou quand je potassais les cours de médecine, on en a rigolé mais je sais que ce n’est pas évident pour lui.
On a parlé de cas cliniques, de diagnostics, de traitements, on a parlé de ma vie, de la sienne, de mes plans et des siens, on a parlé de nos amis, ceux qu’on préfère et ceux qu’on n’aime pas, on a parlé de nos familles ; on s’est échangés des chansons, on s’est racontés des blagues…
Hier en allant passer son examen, il a appris que pas loin de sa fac, une voiture piégée a explosé en faisant pleins de morts…
Mon ami vit à Baghdad ; cette ville qui prend de moins de moins de secondes dans nos news, cette ville dont les nouvelles nous dépriment et nous poussent à zapper pour ne pas sombrer à notre tour.
Mon ami sort tous les jours de chez lui, ne sachant pas s’il reverra ses parents encore une fois ou pas…
Mon ami est devenu du jour au lendemain, une personne suspecte, qu’on interroge pendant de longues heures quand il débarque à un aéroport…
Mon ami est devenu du jour au lendemain, un fardeau que
Mon ami ; bientôt médecin diplômé, ne recevra pas son diplôme, et ce, pour ne pas avoir à quitter l’Iraq pour un autre pays…
L’Iraq saigne, Baghdad agonise, et mon ami vit ça tous les jours…
Avouez qu’on s’en fout, que les images qu’on voit aux news ne nous choquent plus, ils meurent tous les jours par centaines, et nous, on zappe…
Difficile pour moi de ne pas penser à cet ami, et à deux autres amis qui me sont tout aussi chers et que je risque de perdre pour des folies de guerre…
Mes mots ne changeront pas le monde ; et peut être que certains diront que j’en fais trop…
Par ce billet, je tiens à rendre hommage à Kadem, Tina et Aussama ; mes trois amis iraquiens étudiants en médecine, qui subissent une vie qu’ils n’ont pas choisi, et qui voient leur pays agoniser sans pouvoir intervenir…
Désormais, je ne serai plus indifférente aux nouvelles qui nous viennent de Baghdad, et j’aurai toujours une pensée pour toi Kadem…