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13 mai 2006 6 13 /05 /mai /2006 00:34

Je savais que ça allait être une garde pas comme les autres !
Je rate le train de justesse, je reste une heure à attendre le prochain.
Première garde de gynéco à kénitra, mon dieu !
Le service est un peu loin du foyer des médecins, donc pour y arriver il faut bien traverser ‘alghaba’ la forêt !
Il faisait très chaud…à l’approche du service des senteurs vous agressent la muqueuse nasale.
Odeurs de placenta, de sang, pourriture de la décharge, chats et chiens galeux, le tout bien putréfié avec la chaleur et s’offrant majestueusement dans un nuage écœurant, passage obligatoire avant d’arriver au service.
Nous y voilà enfin ! Après quelques minutes d’apnée, le service nous accueille avec ses femmes, ses sages femmes…et surtout ses chats.
Les chats me regardaient d’un air très bizarre, je suis nouvelle ça se comprend. Les sages femmes me regardaient également d’un air bizarre, comme quoi !
D’habitude, les sages femmes s’occupent de tout, on nous appelle pour les consultations, les urgences, les hospitalisations et les césariennes…
Sauf que, comme c’est ma garde, ce jour là, la sage femme qui s’occupe du triage et de l’accueil des femmes en travail, a fait elle-même une fausse couche ! Quelle chance !
On devait donc la remplacer, et faire tout le boulot sans aide. Quelques stagiaires sont venues nous aider, mais je pense qu’elles avaient plus besoin d’aide !
2 :00 du matin, je suis claquée, ma collègue aussi ! Nous décidons donc d’aller au foyer, vu qu’il n’y avait plus de malades ; et en cas de besoin, on nous bipe pour venir rapidement s’occuper des femmes.
La traversée de la forêt, ou plutôt de la jungle, n’était pas facile. Fallait nous voir courir parce que les chiens étaient derrière nous, ils aboyaient de toutes leurs forces, et moi je criais de toutes mes forces !!!! J’ai une phobie des chiens.
2 :15, on arrive au foyer.
2 :40, toujours pas de sommeil, ceux qui sont de garde aux urgences arrivent.
2 :50 : la sage femme bipe.
La course aux chiens commence, on arrive à mi-chemin, impossible d’avancer, on part aux urgences appeler le mec de la sécurité pour nous accompagner au servie de gynéco.
3 :10, on arrive au service. Finalement, ce n’était pas une vraie urgence.
3 :30 on repart au foyer.
3 :45 ; on nous appelle. Même scénario, les chiens ne veulent toujours pas nous reconnaître.
4 :20 on revient au foyer. Pas moyen de fermer l’œil.
4 :30 on nous appelle. Une césarienne. Même décor, nous, les chiens, ils aboient, on crie. Le nuage de puanteur et puis le service. Le gynéco de garde arrive vers 4 :50.
Depuis, nous sommes restées au service, à préparer les dossiers des malades.
8 :30 : présentation des dossiers de la garde.
C’était ma première garde en gynéco à kénitra, je suis restée déboussolée plus de deux jours ! Et là, dès que j’ai retrouvé mes repères, une autre garde m’attend demain…et certainement de nouvelles bizarreries ;-)

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29 novembre 2005 2 29 /11 /novembre /2005 23:03

Je sais que je vous barbe avec mes histoires…l’hôpital marocain n’est pas une mine à idées joyeuses…

Le manque d’information et d’orientation se fait sentir dans les couloirs de nos hôpitaux. D’une garde à l’autre, je constate que les marocains ont un rapport quasi marrant avec les Urgences…
Depuis mes premières gardes, j’ai pu enfin classer la fameuse série Urgences dans la catégorie : science fiction, et pour ce, je leur donnerai le premier award !!!

Oubliez le Dr Carter qui court dans tous les sens, oubliez les infirmiers qui se mobilisent pour entourer le malade et le rassurer, oubliez même les gants stériles, les thermomètres, l’alcool, les scanners et les nébulisateurs…oubliez tout…vous rentrez dans une nouvelle dimension. Aux limites du réel…

Les Urgences. Pas la peine de vous alarmer. On en voit très peu. L’individu marocain, a un autre rapport avec les urgences. Un bouton qui gratte est une Urgence.

Mais au-delà des pellicules qui dérangent et qui motivent une consultation à six heures du matin, au-delà des douleurs articulaires qui datent de plus d’un an, et pour lesquelles on vient vous voir à minuit un Dimanche…au-delà de tout ce qui frôle l’irréel et qui va certainement me rendre folle un jour, y’a des histoires qui marquent, qui font mal.

Deux ouvriers se présentent, en tenue de travail. Nous sommes Dimanche matin. L’un d’entre eux est tordu de douleur, il arrive à peine à respirer, il marche difficilement, la douleur le déchire, son teint est pâle, ses yeux sont larmoyants. Le patient a mal, la douleur est insupportable.

Sur les yeux de son accompagnateur, se lit une peur très grande. Peur de l’inconnu. Peur pour son copain.

Ils viennent de loin, de Tiznit…ils travaillent à Kénitra. Un voyage, un antécédent de calcul rénal, le diagnostic est posé : une colique néphrétique. On élimine les autres urgences rapidement. On lui fait une injection pour soulager sa douleur.

Le patient revient, il va mieux, il arrive à marcher. La misère se lit sur ses rides, la douleur qui couvrait son visage a laissé place à un regard terne, triste, écrasé par la dureté de la vie.

Il s’assoit, les yeux fixant un point au sol. Je lui rédige son ordonnance.

Je me suis rappelée que j’avais un anti-inflammatoire dans la voiture, des suppositoires – qu’un copain a refusé de prendre alors qu’il se tordait de douleur, va comprendre ce qui se passe dans la tête des mecs ;-)-, je suis allée le chercher et je l’ai donné au malade.

En sortant de la salle, il m’a filé 20 Dhs. Je lui ai expliqué gentiment mais fermement que c’était mon devoir, et son droit. Il m’a dit que c’était parce que je lui ai donné le médicament.

J’ai insisté sur le fait que c’était mon devoir de faire ça.

Ce n’est pas la première fois qu’on essaie de me corrompre. Mais ce qui m’a fait mal, c’est que cet ouvrier -qui trouve à peine de quoi survivre- ne réalise pas, ou peut être ne sait pas que comme tout citoyen, il a droit aux soins de santé. Ça m’a fait mal au cœur…

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1 novembre 2005 2 01 /11 /novembre /2005 00:00

 

 

 

Mon stage périphérique s’annonce mal, j’ai vraiment du mal à m’adapter.

Les stages de 7ème année de médecine se font dans les 4 grandes disciplines, à savoir la chirurgie, la médecine, la pédiatrie et la gynécologie. J’ai commencé par le service de pédiatrie.

C’est une spécialité que j’aime beaucoup, mais ma déception avec ce stage est grande.

Rien ne se fait correctement, je me crois dans un autre monde. Un copain m’a dit aujourd’hui, bienvenue au Maroc.

Je crois qu’on aurait fait mieux en état guerre. Au service, pas de thermomètre, pas de gants, pas de bétadine, pas d’intranules, pas de compresses…à chaque fois qu’on demande quelque chose : non hadi makaynach !!!! C’est pas normal.

Comment peut on surveiller des syndromes fébriles sans thermomètre ?

J’ai dû donc me faire à l’idée que le Maroc est un pays très pauvre, et qu’un hôpital aussi grand que celui de Kénitra n’a pas les moyens de s’offrir du matériel de luxe !

Ça fait trois semaines que j’ai commencé, j’ai oublié tout examen dénommé échographie, j’ai barré de ma liste tous les antibiotiques sauf l’ampicilline (seul antibiotique disponible au service et qui semble guérir tous les maux), j’ai oublié toutes les conduites à tenir qu’on a apprises au CHU…mais il y’a une chose que je n’arrive pas à admettre : le manque d’asepsie.

Les lunettes et les masques d’oxygène qui passent d’un malade à l’autre sans la moindre asepsie, les prélèvements qui se font sans gants, les toilettes qui puent et qui donnent sur la salle des nouveaux nés…

Les infirmières sont les veilles marmites, selon un pédiatre du service. Elles ne font strictement rien, tous les protocoles qu’on prescrit ne sont pas du tout faits ni respectés, et ça passe…personne ne leur dit rien, leur insouciance ne choque plus, elle fait parti du quotidien.

Des fois je me dis que j’hallucine, que tout ça n’existe pas…moi qui me plaignais du CHU, je me cogne la tête contre un autre vécu encore plus amer, celui des hôpitaux provinciaux, où la misère embrasse le manque de conscience, où tous les jours des gens meurent non seulement par manque de moyens mais aussi à cause de l’indifférence et de la négligence.

Je ne dors plus bien, je fais des cauchemars à cause de tout ça, je n’arrive pas du tout à m’adapter…

Un prof ne cessait de nous dire une phrase qui résonne beaucoup dans ma tête ces derniers jours : ce n’est pas parce qu’on est misérables, qu’il faut qu'on travaille misérablement.

Ce n’est que le début…

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2 octobre 2005 7 02 /10 /octobre /2005 00:00

* Le lit 1 est mort.

+ Ah bon ? Comment ça se fait ? Il était bien hier.

* On ne sait pas vraiment, apparemment il a saigné, on a appelé le médecin de garde vers 2h du matin, mais elle n’est pas venue. Il est décédé vers 4h.

+ Elle n’est pas venue ?!!!...

 

 

 

Le lit 1 est mort. -Depuis quand le lit a une vie pour qu’il décède ?-

Dans les hôpitaux, les prénoms n’existent pas. On se débrouille toujours pour trouver un surnom aux malades, et on entend souvent des répliques genre, « le Rectum va mieux ? » - pour parler généralement d’un malade qui a un cancer du Rectum- ou «  la Box 2 fait une chute de tension! », -pour parler d’une parturiente en gynéco-, « la vésicule a mangé, on ne peut pas l’opérer » - depuis quand les vésicules biliaires ont une bouche ?- ou encore, « le lit 4 m’inquiète, même sous antipyrétique, il reste fébrile » !!!,

Et ce jour là, on m’informa que le lit 1 est mort. Un patient de 68 ans, avec des antécédents lourds, il traîne déjà un diabète depuis 10 ans, une insuffisance rénale et nous a été envoyé avec un papier où y était mentionné : patient récupéré après arrêt cardiaque. Hospitalisé au service où j’étais pour suspicion d’une maladie vasculaire avec manifestations dermatologiques…Comme on dit encore, un beau dossier ! Pourquoi pas un article.

Malgré tout, ce malade se portait très bien, il n’arrêtait pas de râler, il était exigent, il mangeait bien…

Tous les matins, son gendre venait avec le petit déj’ fait maison, et le lit 1 attendait avec impatience que le sang soit prélevé pour qu’il puisse enfin manger goulûment son menu.

Les investigations étaient en cours…le bilan était lancé…mais le lit 1 avait besoin d’une haute surveillance, déjà qu’il était un terrain à risque…

L’hémorragie ne tarda pas. Un vaisseau a éclaté. Mais il a choisi le mauvais moment !!! Comme quoi, il ne fallait pas attendre 2 heures du matin pour éclater, personne n’était là !

A 2 heures l’infirmier de garde appelle le médecin de garde, elle ne peut pas se déplacer, sa fille est malade !!!!!!! Le malade se vide de son sang et décède deux heures après.

Le lendemain le gendre s’amène comme tous les matins avec le petit déj. Il a dû croiser le médecin qui était censée être là la veille à 2h du matin, il a dû lui sourire, lui dire bonjour. Elle a dû lui sourire, ou peut être elle l’a ignoré…

Il arrive à la salle, le lit 1 n’est plus. Un autre malade a pris sa place. Et le nouveau lit 1, est devenu Le lit 1.

Aux oubliettes, ou plutôt à la morgue. Le gendre pleure tristement son beau père, el mektab, hadak hed 3emrou, allah yerehmou ou wesse3 3lih…

La vie continue…le médecin de garde sillonne encore les couloirs d’Avicenne, ne pensant même plus à ce malade qu’elle aurait pu, NON, qu’elle devait sauver, ou du moins assister !! Le lit 1 aurait pu être son père, son beau père, son oncle, son voisin…mais non, ce n’était que le lit 1. Il est mort. Sa vie à elle continue, sa conscience est tranquille, elle sera bientôt spécialiste, elle aura encore des malades, euh…je veux dire, des lits à soigner…

C’est encore une histoire, douloureuse, incroyable mais vraie.

Le lit 1 est mort. Allah yerehmou.

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11 septembre 2005 7 11 /09 /septembre /2005 00:00

La rentrée…reprise du train train…

Mais cette année est bien différente des précédentes, c’est la première rentrée aux administrations après l’établissement du système du départ volontaire à la retraite : INTILAKA.

Au tout début, des rumeurs circulaient…personne n’y croyait vraiment. Méfiance, critiques, doutes, et des tas interrogations enveloppaient l’accueil de cette initiative.

Le gouvernement prit donc conscience des ces appréhensions et déploya ses efforts pour mieux informer les fonctionnaires… spot publicitaires, forums au sein des administrations, et même un site web, où une simulation est possible pour mieux cerner l’opération.

Petit à petit les demandes se multipliaient…et ce système sensé débarrasser les administrations des « fonctionnaires fantômes »,de réduire la masse salariale et d’offrir des occasions pour les jeunes diplômés, menaçait de plus en plus de rendre toutes les administrations fantômes.

Tout le monde commence alors à parler du DVD, départ volontaire daba…n’est ce pas Slimane ?

Bilan : plus de 39 000 fonctionnaires ont pu bénéficier de cette opération, dont  plus de 13 000 partants volontaires du ministère de l’éducation nationale.

Le secteur de la santé n’était pas une exception ; de nombreux médecins et infirmiers ont décidé de quitter l’hôpital public. Le bilan à mon sens est inquiétant.

Prenons par exemple le CHU de Rabat, pratiquement tous les chefs de service sont partis, la pédiatrie en est l’exemple par excellence.

Leurs arguments, conditions de travail défavorables, problèmes administratifs, ras le bol total, rappelons par exemple que les chirurgiens n’ont pratiquement pas travaillé cette année vu que le bloc était un vrai chantier, sans parler des séries de grèves interminables qui ne faisaient que retarder les malades et aggraver leur état.

Mais peu importe les raisons, le résultat est le même…l’effectif de ceux qui assureront la formation au sein des CHU est réduit.

Un hôpital vidé de ses compétences, et des médecins en formation délaissés…And the Looser is? C’est bien la cerise qui manquait à notre gâteau.

Ce topo est le même dans toutes les administrations, les compétences tissées au fil des années, les expériences acquises ont pratiquement toutes quitté la fonction publique.

On verra donc bien, qu’adviendra des hôpitaux avec ce système, qui sait ?

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21 août 2005 7 21 /08 /août /2005 00:00

Je suis montée en courrant voir le malade… j’étais contente pour lui… enfin, on pourra sauver son rein…

Je lui ai annoncé la nouvelle, ses yeux ont brillé de bonheur… j’avais les larmes aux yeux…

Je lui ai demandé de ranger ses affaires, le temps que je finisse les procédures de transfert entre les deux services…

J’ai fait un duplicata de son dossier, j’ai mis les documents nécessaires dans le nouveau dossier et je suis montée en Cardio pour effectuer le transfert.

Le service de Cardiologie A, est un service bien à part au sein d’Avicenne, il a sa propre administration, son propre bureau d’entrée, sa propre prise en charge, bref, disons que c’est un service pseudo indépendant de l’hôpital…

Le coût d’hospitalisation y est plus cher par rapport aux autres services.

Ils m’ont demandé de dire au malade de venir…

Il était là à m’attendre, ses bagages étaient pliés… prêt pour une nouvelle aventure, l’angoisse marquait ses traits, et la peur de l’inconnu figeait son regard… il me suivait sans dire un mot…

Il avait pleins de bagages, deux ou trois sacs, un seau, un grand sac en plastique… tout le monde le regardait bizarrement comme s’il venait d’une autre planète… moi je comprenais un peu pourquoi il trimballait tant de choses avec lui, parce qu’il est resté longtemps chez nous… en médecine interne c’est toujours le cas…

Avant d’arriver au service de cardio, il décida de sortir de son mutisme et me dixit : tu viendras me voir là haut ? sa question m’a émue…

Arrivé en cardio, l’assistante sociale est sortie le voir…et m’a demandé de passer à la caisse…euh… moi ? D’accord…

J’y vais, avec son dossier à la main… et là, une dame me demande sans même lever les yeux : chèque ou espèce ? je restai deux secondes sans bouger, et je lui dis : « pardon », là, elle prend la peine de me regarder et me re-pose la question : «  vous allez payer chèque ou espèce ? »…

Ils ont cru que le malade était un parent, tellement ils m’ont vu chez eux à courir dans les couloirs pour lui trouver du soutien… j’ai dû donc lui expliquer que c’est au malade qu’il fallait poser la question…

Elle est partie le voir, le pauvre lui a dit qu’il n’avait pas toute la somme sur lui, qu’il va payer une partie et que le reste ils le leur donnera dès que quelqu’un du bled le lui enverra…

Ce moment précis m’était très dur… si on est pauvre, on est cuit…

Ce malade a besoin d’un simple geste, une petite dilatation d’une artère… ça lui évitera tous les problèmes de tension qu’il avait, ça lui résoudra tous ses soucis… ça le sauvera peut être de la mort par un problème vasculaire…

Lui, il a fait des mains et des pieds pour avoir de l’argent… il a eu la chance, parce que la prof de cardio que je suis allée voir, lui a débrouillé un Stent et donc lui a économisé plus de 25 000 Dhs ( heureusement que des gens comme elle existent encore, Merci)…

Mais supposons qu’il n’avait pas assez d’argent, supposons qu’on n’avait pas trouvé de Stent pour lui… chnou, il allait mourir… ben oui, le plus simplement, et le plus naturellement du monde…

Ces exemples, on en voit tous les jours à l’hôpital, et c’est toujours aussi pénible de voir ces gens souffrir à cause de leur maladie, et mourir à cause de la pauvreté…

Le malade fut hospitalisé en cardio, la dilatation a été faite le lendemain de son hospitalisation…

Je suis allée le voir après, il se portait bien…je suis contente pour lui, et pour son rein…

Mon stage en médecine interne est fini… mais ces histoires ne finiront jamais…

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16 août 2005 2 16 /08 /août /2005 00:00

Je me suis rendue compte il y’ a quelques jours que je n’avais pas fini les épisodes de l’histoire de mon malade.

Certes, vous les avez déjà oublié, et puis, beaucoup d’entre vous ne s’y intéressent pas, ou plus…

Mais je continue cette histoire… pour moi, pour ce malade, et pour partager avec vous une des histoires qui se cachent dans les couloirs d’Avicenne.

Ce qui fait de la pratique de la médecine un métier vivant, c’est justement ce contact avec les malades, cet échange avec des mondes différents, unis sous le ciel d’un mal qui les déchire. J’écris pour eux, pour moi… j’écris pour vider, pour partager… j’écris, c’est tout…

Alors, où étions nous ? ah oui, l’assistante sociale…

Le bureau de cet être sensé assister les indigents, a besoin d’une assistance guidée pour être trouvé…

D’étage en étage, de couloir en couloir, de bureau en bureau… j’ai du faire les cents pas, oups, les mille, les dix milles pour enfin TROUVER LE BUREAU !!!

En suivant le nuage des gens, je suis arrivée à m’y rendre enfin.

Une foule énorme attend dehors, la porte était entrouverte… je l’ai poussée et je suis rentrée (l’avantage d’être une blouse blanche dans un hôpital, est le fait de pouvoir rentrer à tous les endroits où il y a écrit : accès interdit !!!).

Salle étroite, petite, sale… la chaleur y est suffocante…

Plusieurs femmes sont présentes, aucun signe pour distinguer la boss… elles sont toutes assises derrière un bureau…

Elles me regardent toutes, elle a levé sa tête en dernier… son regard était plus sur, c’est elle. Je fonce 

- «  Bonjour… je viens vous voir à propos d’un malade qui va être transféré en Cardio pour une… » 

 - ‘Ah oui, le malade de Mme HG ( la cardiologue avec qui j’ai parlé)

-Oui oui, c’est bien lui.

Elle compose un numéro, et rentre dans une conversation sans fin… elle me fit signe pour que je m’assois, je compris alors que la conversation allait encore durer un bon moment… elle parlait de tout, des vacances, des enfants, des courses, du mari, du directeur, des voisines… et oui, et de mon malade…

Je me demande pourquoi fallait que je reste plantée là bas à attendre…bref, quand elle a fini, elle m’a dit : au fait, c’est pas à moi de m’occuper du dossier, faut voir avec l’assistante sociale du service de cardio, mais envoie moi le malade quand même, je vais lui faire un dossier… Hébétée, je pars chercher le malade et je le guide jusqu’à son bureau…avec une copie de sa carte nationale et de son certificat d’indigence, juste pour qu’elle s’assure de son indigence… Je reviens le lendemain pour voir l’évolution du dossier… et quelle chance, sa demande a été signée… le malade peut être transféré en Cardio.

J’étais toute contente, enfin… ce qui a pris quelques lignes sur ce récit, se compte en semaines à l’hôpital… mon pauvre malade n’avait pas de chance.

Et me voilà en cardio, le service des richards…

A suivre…

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24 juillet 2005 7 24 /07 /juillet /2005 00:00

J’arrive en cardiologie, 5ème étage.

Je me découvre dyspnéique ;-). Je présente le malade ; le diagnostic est là, la thérapie semble évidente ; il faut dilater l’artère bouchée pour ne pas perdre le rein !!! C’est une urgence !!!

Mais… mon malade est indigent.

« Il aura besoin de 35 000 Dhs » ah ? chnou, ban non, je ne peux pas lui demander une chose pareille, lui le fellah venant d’une région aride !!

Je n’oserai jamais lui demander une telle somme !!

La cardiologue me regarde…avec compassion ! Elle appelle l’assistante sociale du service pour voir ce qu’ils peuvent faire !

Et là, excellente nouvelle : la cardiologue offre un stent au malade (le truc avec koi ils vont dilater l’artère), le malade donc ne va payer que 10 000 dhs !

Même à ce prix là, je n’ai pas osé lui en parler ! J’ai demandé à un autre médecin de le faire.

Le malade réalise péniblement ce qui lui arrive, il nous demande quand même quelques jours pour se débrouiller la somme d’argent !

Le malade est d’accord ; il a les ¾ de la somme.

Faut donc voir avec l’assistante sociale de l’hosto !

J’ai cherché désespérément son bureau, walou, introuvable !!!

A Avicenne, ils ont l’art de ne pas afficher les directions !!! Personne ne saura d’où passer !

A  la recherche de l’assistante sociale…

 

A suivre...

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22 juillet 2005 5 22 /07 /juillet /2005 00:00

Ça fait plus de six semaines que je galère avec un malade.

Un pauvre bonhomme de 44 ans, hospitalisé chez nous pour un problème X ! Au cours de son hospitalisation, on a découvert un problème Y : une sténose serrée de l’artère rénale droite.

Ce diagnostic on l’a eu fortuitement, à J + 45 jours de son hospitalisation.

1ère étape : évaluer avec précision le degré de la sténose.

Bon, je vous explique. L’artère rénale est un conduit qui véhicule du sang oxygéné pour faire vivre le rein, organe noble par excellence. Si ce conduit  se rétrécit, le rein agonise.

Première manifestation, il devient plus petit.

Cela s’est traduit sur l’échographie rénale, par une asymétrie entre les deux reins, le droit semblait nettement souffrir.

Je suis descendue plus de 15 fois [à raison de 2 à 3 fois par jour, sans compter les jours de grève] au service de radiologie pour chercher le médecin qui a réalisé l’echo-doppler (qui visualise les vaisseaux sanguins) chez le malade. Objectif ; demander le degré de sténose avec exactitude.

N.B : en principe, devant une sténose, il faut d’emblée donner cette estimation, mais bon …

Bref, quelques jours later, je la trouve !!! Je lui expose le problème et lui demande de revoir le malade pour mieux apprécier la sténose. Elle accepte, mais… On était un lundi, fallait donc laisser passer le Mardi et le Mercredi (jours de grève) et faire descendre le malade Jeudi. [Le service de Radio à Avicenne est au sous-sol].

Vint donc Jeudi, le malade descend et revient quelques heures après.

Je devais descendre Vendredi récupérer le résultat. Et là surprise, le compte rendu a disparu.

Je vous épargne le détail de mes péripéties entre tous les bureaux du service ; le comble est à venir. La prof, qui a vu le malade l’a confondu avec un autre, et le compte rendu que je cherchais, était donc dans le dossier d’un des centaines de malades qu’elle a du voir ce –maudit- Jeudi !!!

Aaaaaaaaaa !!! Mme secouez votre mémoire !!!

Ah oui, cherchez  chez Mr BGJ en néphro, je crois que c’est sur son dossier que j’ai laissé le compte rendu de votre malade !!!

Je montre donc rapidement au service de néphrologie, je me dirige vers le Major :

Bonjour, je cherche Mr BGJ, il se trouve que le compte rendu de son échographie n’est pas le sien, c’est le notre, enfin, c’est celui d’un malade hospitalisé chez nous !!

Le major cherche un peu dans cette montagne de papiers devant lui et me crache la nouvelle : mais ce malade est sorti hier, juste après son échographie, et il a pris son dossier avec lui !!!

Snif snif…

Désespérée, je reviens voir la radiologue… elle me débite le résultat oralement dans un couloir, et fond dans la masse…me laissant bouche bée, obnubilée par ce nuage de puanteur qui règne dans le service de Radio (la foule, la décharge d’à côté, la cuisine de l’hosto !)

2ème étape : Artère serrée à Dilatation…

 Il faut s’adresser au service de cardiologie !! Le service des richards…

Les indigents n’y ont pas de place…

Mon aventure commence…

A suivre…

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9 juin 2005 4 09 /06 /juin /2005 00:00

J’étais assise avec des copains, quand le major du service est venu nous annoncer la nouvelle…

Il était souriant, et comme on n’a pas arrêté de parler du syndrome des pistonnés à Avicenne cet après-midi, je croyais qu’il allait nous raconter encore une de ses histoires…

Il parlait d’une femme hospitalisée en Réa…il parlait de son agitation, il décrivait son état quand il l’a croisée en début d’aprèm…

 Cette même femme s’est jetée du 4ème étage… elle avait un état d’agitation en rapport avec une atteinte cérébrale, due à la consommation de certains produits toxiques (d’après la foule).

Elle est morte.

Je suis restée sidérée. Ce n’est pas la première fois que ça se passe à Avicenne, mais c’est la première fois que je le vis Live !!!

C’est un drame.

 

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